La pratique de sports comporte toujours un risque de lésion. Les blessures musculaires sont parmi les accidents les plus fréquents dans le monde des blessures du football. De quelques jours (pour une élongation) à quelques mois (pour une déchirure ou une rupture), il est important de bien soigner son muscle pour éviter toutes récidives… Nous en parlerons dans ce numéro avec notre spécialiste, Monsieur Jean-Jacques AKO, Kinésithérapeute de Loto-Popo Football Club.
Le Champion : Dites-nous, quelles sont les différentes blessures musculaires qu’on rencontre en milieu sportif ?
Kiné : En termes de blessures musculaires, nous avons des Lésions musculaires sans lésions musculaires à savoir : les courbatures, les crampes, les contractures ; puis des Lésions musculaires avec lésions, telles que les contusions, les élongations, le claquage / déchirure, les décollements aponévrotiques et les ruptures.
Quels sont les facteurs étiologiques à rechercher devant une blessure musculaire ?
Le risque de déchirure musculaire est majoré par certains facteurs : une insuffisance de la préparation musculaire par échauffement et étirements ; des périodes d’activité physique intense trop rapprochées, avec une récupération trop courte et/ou un entraînement pas assez progressif ; une action excessive ou brutale ; une alimentation (et plus particulièrement une hydratation) inadaptée.
Comment peut-on diagnostiquer une blessure musculaire ?
Le diagnostic des lésions musculaires se fait par un examen clinique mais par des examens radiologiques dont l’échographie du muscle et des tendons est l’examen indispensable : elle permet non seulement d’analyser les lésions musculaires de la déchirure (localisation, étendue, profondeur) et/ou tendineuses, mais aussi d’observer le comportement du muscle lorsqu’il se contracte. Dans un second temps, une IRM peut être nécessaire.
Le croisement des résultats des différents examens permet de déterminer le degré de gravité de la déchirure musculaire : Élongation, claquage ou déchirure partielle, et rupture musculo tendineuse ou déchirure complète.
Quel traitement pour une blessure sportive ?
Toutes les blessures musculaires n’exigent pas le même type de traitement mais tout symptôme évoquant une blessure musculaire doit conduire à l’arrêt immédiat de l’activité. Seul le diagnostic va déterminer la prise en charge la plus adaptée. Certaines douleurs sportives bénignes, comme les crampes et les courbatures, se résorbent spontanément et peuvent se passer d’un traitement médical.
La plupart des traumatismes nécessitent une prise en charge urgente sur le terrain, en attendant un avis médical, qui repose sur le protocole RICE à savoir Repos, Ice ꞊ Glace, Compression ou bandage et Élévation.
L’application de glace permet un soulagement immédiat des douleurs et diminuer l’inflammation ; le repos est indispensable pour ne pas aggraver la lésion ; enfin, l’élévation et la compression du membre blessé (pas trop serré) permettent de prévenir le gonflement (ldème) et la survenue dun hématome.
En plus de l’application régulière de glace, un traitement médicamenteux est souvent nécessaire pour soulager les douleurs en phase aiguë ; les médecins prescrivent généralement des antalgiques ou des anti-inflammatoires non stéroïdiens. Certaines blessures requièrent un traitement orthopédique, par attelle ou orthèse. Ces dispositifs permettent de stabiliser la zone blessée pendant la période de repos.
Si le membre est difficile, voire impossible à mobiliser pour la marche, un avis médical est urgent. Les séances de rééducation (la kinésithérapie) débutent après plusieurs jours de repos. Quelques semaines sont nécessaires pour que les muscles et les tendons guérissent.
En quoi consiste la rééducation après une déchirure musculaire?
La rééducation, effectuée par un kinésithérapeute professionnel, est un pilier du traitement de votre blessure. Les sportifs se font souvent accompagner par un kiné connaisseur du milieu sportif, maitrisant les problématiques liées à la pratique sportive (blessures, hygiène sportive, préparation physique, performance). La prise en charge commence toujours par un bilan initial, qui permet au kinésithérapeute dévaluer votre blessure, et de recueillir tous les éléments nécessaires (circonstances d’apparition de la blessure, antécédents médicaux, niveau et fréquence de pratique). C’est aussi lors de cette première rencontre que vous fixerez ensemble l’objectif de la rééducation.
La rééducation poursuit plusieurs objectifs :
D’abord, soulager vos douleurs et les autres symptômes,
Ensuite, améliorer la souplesse, la mobilité, l’équilibre, et toutes les qualités altérées par votre blessure,
Enfin, vous accompagner progressivement vers une reprise sportive sans risque de récidive,
Ce programme se fait par étapes, dune durée variable en fonction du type de blessure, de sa gravité et de votre rythme de progression. Le kinésithérapeute intervient donc sur la partie curative de votre prise en charge, mais aussi en préventif. En effet, lobjectif des séances ne se limite pas quau traitement de la pathologie elle-même ; il sagit aussi de corriger les problèmes de fond liés à la posture, au geste sportif, à un développement musculaire inégal
Devant une déchirure musculaire, que faut-il éviter comme gestes ?
Il est fortement interdit de faire les massages pendant au moins 48 heures. Les massages en phase aigüe sont susceptibles d’augmenter les saignements et d’empirer résultats. Ceux-ci ne doivent pas être envisagés avant un délai de 48 heures après la blessure.
Il est aussi interdit d’appliquer d’eau chaude sur une blessure en phase aigüe. Ceci augmenterait l’inflammation.
Quand peut-on considérer que l’on est guéri dune déchirure musculaire ?
Une déchirure musculaire peut être considérée comme guérie lorsque la récupération de la mobilité et de la force est complète, et lorsqu’il n’existe plus de douleur, ni au repos, ni à l’effort.
Quels tests ou examens à réaliser avant un retour au sport chez un blessé ?
Aucun test ne garantit un retour au sport réussi. Les décisions doivent être prises sur la base de plusieurs critères, notamment l’expérience personnelle. Les décisions de retour au jeu doivent être personnalisées pour chaque joueur. Le retour au jeu se fait au cas par cas et ne dépend non plus du type de blessure et de sa localisation, mais aussi de la position du joueur sur le terrain et de ses caractéristiques anatomiques personnelles.
Comment éviter les blessures musculaires ?
Diverses mesures permettent de prévenir les blessures musculaires : Adapter la pratique à ses capacités physiques, autrement dit éviter le surentraînement ; Réaliser un échauffement suffisant. Il est conseillé de réaliser des étirements après chaque effort ; Prévoir un temps de récupération suffisant ; Bien s’hydrater, en consommant au minimum 1,5L d’eau par jour ; Adopter une alimentation équilibrée ; Dormir suffisamment ; Ne pas reprendre une activité physique sans progressivité …, Écouter ses signaux corporels. ….
Quel est l’hygiène des muscles ?
L’une des meilleures hygiènes dun muscle, c’est d’éviter la déshydratation en buvant avant, durant et après l’exercice, par petites quantités. L’hydratation aide à maintenir la circulation sanguine dans les fibres musculaires. Alternez la consommation d’eau et la consommation de boissons sportives ayant l’avantage de contenir des sels et des minéraux.
Au Bénin, selon vous, qu’est-ce qui explique la rechute au niveau de nos sportifs blessés, surtout au football ?
Avant un retour au sport après une blessure, il faut d’abord le feu vert donné par le médecin traitant suivi dune bonne prise en charge rééducation (des séances de kinésithérapie menées par un professionnel), pour finir par une phase de réathlétisation dirigée par un préparateur physique et un soutien psychologique, donc c’est toute une prise en charge pluridisciplinaire. Mais chez nous ici dans notre championnat (football), sur près de quarante clubs engagés, à peine dix d’entre eux disposent dun staff médical. Les sportifs sont suivis par de faux soigneurs, des individus qui n’ont jamais suivi une formation en santé, qui se font appeler en majorité kiné. De même qu’on le remarque au niveau du staff médical, c’est ainsi qu’on le remarque au niveau du département athlétique où ce sont des anciens footballeurs ou des professeurs d’EPS qui deviennent préparateurs physiques dans les clubs. De psychologues, j’ose vous dire qu’aucun club n’en a recrutés pour le moment. Avec toutes ces insuffisances, comment pensez-vous que les sportifs blessés pourront retrouver leur forme !!! Et c’est ce qui pousse certains de nos sportifs à aller du côté de la médecine traditionnelle ou de faire de l’automédication, résultats : bravo les dégâts.
Fin de ce numéro, merci à vous !!!
Un commentaire
Super!