Certains termes médicaux font peur aux sportifs surtout aux footballeurs. C’est certainement le cas du ligament croisé antérieur (LCA). Six à neuf mois de récupération, c’est la période pendant laquelle une blessure au Ligament croisé antérieur peut tenir un footballeur éloigné du terrain de jeu et de compétition. C’est donc l’une des blessures les plus craintes dans le milieu sportif, celui du football en particulier. Vous en saurez davantage sur cette blessure, ces causes et son traitement dans ce numéro de la Minute du Spécialiste grâce à notre Consultant, le Kinésithérapeute,Jean-Jacques AKO, diplômé FIFA en Médecine du Football.
Qu’est-ce que le Ligament Croisé Antérieur et quel est son rôle?
Tout comme on ne dit pas que l’on a des adducteurs, on ne dit pas non plus que l’on a le
ligament croisé antérieur, lorsqu’on veut faire allusion à une blessure à ce niveau. On dira
simplement qu’on a tel ou tel problème au ligament croisé antérieur. Pour répondre à votre question, en français facile, le ligament est similaire à une corde, non élastique, qui retient deux os ensemble.
Dans le cas du LCA, il retient le fémur au tibia. En
terme médical, le LCA est un ligament situé à l’intérieur de la capsule articulaire du genou
(ligament intracapsulaire) et qui relie la tête distale du fémur à la tête proximale du tibia.
Il agit conjointement avec le ligament croisé postérieur (LCP) pour empêcher l’os du tibia de
glisser vers l’avant et de se désaligner du fémur, tant en flexion qu’en extension (LCA); tandis
que le ligament croisé postérieur l’empêche de glisser vers l’arrière. Il contrôle également
l’hyperextension de l’articulation du genou.
Comment se produit une rupture du ligament croisé antérieur du genou ?
Avant de parler de mécanisme de la blessure du LCA, il faut tout d’abord faire la distinction
entre la blessure de contact et la blessure sans contact. La blessure avec contact est celle où le ligament est rompu par un traumatisme direct d’un adversaire dans la jambe blessée ; tandis que la blessure sans contact est celle où il n’y a pas d’intervention directe d’un adversaire dans le mécanisme de la blessure, bien qu’il puisse y
avoir une perturbation de sa part qui facilite la blessure. Le mécanisme lésionnel le plus fréquent dans cette blessure du LCA se produit lorsqu’il y a une rotation interne du genou alors qu’il est en position de valgus qui produit une torsion excessive dans l’articulation, le pied étant fixé au sol, cela génère une traction excessive sur le ligament impossible à soutenir, de sorte qu’il finit par se rompre dans son effort pour
stabiliser le mouvement. Le deuxième mécanisme le plus courant pour cette blessure dans le football est lors d’une réception après un saut, dans lequel l’impact contre le sol lors de la
réception déstabilise l’articulation ((soit par une collision avec l’adversaire, soit par une perte
d’équilibre en l’air), et le ligament n’est pas capable de stabiliser le mouvement, se brisant
dans la tentative. Dans les deux cas, le contact avec l’adversaire n’est pas le principal
coupable qui a produit le mécanisme de la blessure, mais il en a été un élément facilitateur.
En terme facile, le mécanisme découle le plus souvent d’un mouvement de torsion avec le
pied bloqué en appui sur le sol, jambe vers l’intérieur et genou fléchi (combinaison d’un
Valgus, Flexion, Rotation Externe). Rassurez-vous, il est assez difficile de se déchirer le
ligament croisé antérieur.
Que ressent-on lors d’une rupture du LCA ?
La rupture du ligament croisé antérieur du genou se produit fréquemment lorsque le genou
subit une forte torsion, particulièrement dans les sports dits à pivot comme le football. Le
sportif ressent alors une vive douleur, une sensation d’instabilité et entend parfois un
claquement dans le genou. L’appui et la marche sont très difficiles ou même impossibles. Le
genou blessé gonfle très rapidement (œdème).
Par quel diagnostic peut-on reconnaitre une rupture du LCA ?
Le diagnostic d’une rupture du LCA repose d’abord sur l’examen clinique et des tests réalisés
par le spécialiste. Le genou est douloureux, les mouvements de flexion et d’extension sont
difficiles ou impossibles. Un épanchement de sang dans l’articulation (hémarthrose) peut
correspondre à une lésion de ligament.
Les examens d’imagerie comme les radiographies, scanner et surtout l‘IRM permettent de confirmer le diagnostic et de rechercher d’éventuelles lésions associées, en particulier une lésion des ménisques.
Si le diagnostic confirme une rupture du LCA, alors quels traitements ?
Après avoir subi une déchirure ou rupture du LCA, il y aura, principalement, deux types de
traitement: conservateur et chirurgical. Le premier consistera à ne pas remplacer le ligament déchiré par une nouvelle structure et
à renforcer toutes les structures entourant l’articulation du genou pour qu’elles remplissent
cette fonction de stabilisation dont le ligament croisé antérieur était responsable. Ce type de traitement pourrait être une option chez les personnes qui ne veulent pas faire de sport ou à mobilité réduite, car, si vous voulez continuer à faire du sport, le déplacement du tibia sur le fémur finirait par dégénérer l’articulation et entraîner de l’arthrose du genou, donc cette option serait pratiquement une mauvaise opinion pour un joueur.
Si le traitement conservateur ne produit pas les résultats attendus, place au second traitement
qui n’est rien d’autre qu’un traitement chirurgical qu’il faut à envisager. Le ligament rompu
ne pouvant pas cicatriser seul, une intervention chirurgicale est nécessaire pour réparer le
ligament blessé ou le reconstruire à l’aide d’une autogreffe. Donc, dans le cas d’un joueur de
football, la meilleure option sera l’intervention chirurgicale.
Quelle sera l’évolution en l’absence d’un traitement efficace ?
Une rupture du LCA non traitée peut créer une instabilité du genou qui peut entraîner des lésions des ménisques et peut évoluer en lésions chroniques, notamment une arthrose précoce.
Cette instabilité et la fragilisation du LCA augmentent considérablement le risque de
nouveaux traumatismes du genou.
Pourquoi faut-il consulter rapidement un spécialiste en cas de rupture du LCA du
genou ?
Même si la blessure semble sans gravité, il est important de consulter rapidement un spécialiste qui pourra établir un diagnostic précis et rechercher la présence éventuelle de lésions associées. Certaines lésions non diagnostiquées peuvent continuer à s’aggraver. Si une intervention chirurgicale est nécessaire, elle devra être programmée au plus tôt pour éviter
des rétractions de tendons ou l’atrophie des ligaments dans les semaines qui suivent la
blessure qui pourraient compromettre les chances de cicatrisation.
Au bout de combien de temps peut-on reprendre le foot après une opération du ligament croisé antérieur ?
La reprise de l’entraînement ou de la compétition après une opération du ligament croisé
antérieur dépend de plusieurs facteurs, notamment du niveau du joueur, du bon déroulé de la rééducation et de l’implication de la personne blessée. En général, la reprise est possible en match environ 9 mois après la blessure. La rééducation peut se poursuivre après la reprise pour continuer à travailler sur d’éventuelles faiblesses persistantes au niveau musculaire, de la mobilité ou de l’équilibre. Dans tous les cas, votre kiné du sport sera votre allié tout au long de votre accompagnement, de la survenue de la blessure jusqu’à la reprise, pour vous conseiller et adapter progressivement votre pratique sportive.
Pourquoi c’est la blessure la plus redoutée au football ?
La déchirure est l’une des blessures les plus redoutées par tout joueur de foot car elle est l’une
de celles qui éloignent le joueur des terrains de foot pour une plus longue période. De plus, la
propre peur du joueur de se blesser à nouveau après une si longue période d’arrêt pendant la
récupération peut être un facteur de conditionnement pour la performance du joueur une fois rétabli.
Nous sommes à la fin de notre entretien, Monsieur Jean-Jacques AKO, votre conclusion !
Longtemps vu comme une blessure atroce qui met fin aux carrières, les blessures au LCA sont
aujourd’hui très bien prises en charge et un joueur peut espérer revenir au jeu six à douze
mois après la blessure! Ça ne met pas fin aux carrières! Mais il n’est pas toujours possible
de reprendre le sport au même niveau de performance et ni d’éviter les re-ruptures du
ligament. Actuellement, des techniques de pointe permettent de reprendre le sport avec un LCA réparé ou reconstruit avec des caractéristiques proches de celles du ligament natif. Ces techniques ne sont réalisables que lorsque toutes les conditions sont réunies, en particulier si la blessure est opérée assez rapidement.
Merci !!!