Le Bénin est à la recherche d’un entraîneur après la fin de contrat de Michel Dussuyer. Six candidatures sont enregistrées à la fédération de football mais l’intérimaire Moussa Latoundji n’y est pas.
La sélection béninoise de football pourrait être une nouvelle fois conduite par un entraîneur étranger. Au nombre des prétendants au poste de sélectionneur, la fédération a annoncé qu’ils sont de nationalités portugaise, française et anglaise. En conséquence, Moussa Latoundji n’est même pas dans le starting-blocks pour être confirmé à la tête du staff technique des Écureuils. Et pourtant l’ancien international béninois est aujourd’hui désiré dans l’opinion publique. Son action, peu soit-elle a séduit tout le monde au point où le ministre des sports a loué ses qualités.
Moussa Latoundji, l’homme providentiel
Moussa Latoundji a pris la succession de Michel Dussuyer en mars dernier. Il a géré la troupe lors des journées FIFA de ce même mois. En quelques jours de management, l’entraîneur local a créé l’histoire avec l’équipe nationale. Le Bénin a remporté un premier trophée de son histoire et Moussa Latoundji entre dans la légende. Il est l’homme des premières. Premier buteur béninois dans une compétition internationale telle que la Coupe d’Afrique des Nations. Il est aujourd’hui le premier entraîneur à gagner un trophée avec la sélection nationale. L’ancien coach des Dragons de l’Ouémé a séduit tout le monde en si peu de temps.
Moussa Latoundji et la révolution de l’effectif
La première révolution a eu lieu au niveau de l’effectif. Loin d’une refonte, Moussa Latoundji a donné l’aspect d’un changement de génération. Il a fait appel à de nouveaux joueurs assez jeunes dans des secteurs de jeu souvent mis en difficulté. Seulement 4 nouveaux appelés mais l’ont été à titre stratégique. Mohamed Tidjani défenseur arrière-gauche est peut-être la solution sur ce côté de la défense. Le nouveau joueur n’a pas pu rejoindre la sélection faute de papiers mais sa convocation a créé des émules. En exemple, David Kiki s’est surpassé sur son côté au cours du tournoi d’Antalya et a fait une bonne performance. Il s’est même offert une passe décisive sur un bon centre. Le joueur d’Arda Khardzhali était pourtant devenu irrégulier en sélection pour ses performances en demi-teinte. La grande marque de Moussa Latoundji a porté sur l’attaque qui a connu deux nouvelles arrivées. Tosin Ayegun et Ange Josué Tchibozo. Le premier est arrivé comme l’ingrédient qui manquait à la soupe. À ce niveau, le coup semble être parfait. L’attaque béninoise a retrouvé l’instinct de tueur. Un trio buteur s’est formé. Soukou-Ayegun-Mounié qu’on peut surnommer SAM avec les initiales de leur patronyme. En trois matchs, le trio a inscrit 6 buts dont 2 buts par chacun. C’est inédit, du jamais vu chez les Écureuils. Moussa Latoundji l’a réussi et il faut l’expérimenter. Les Écureuils du Bénin ont longtemps eu le problème de buteurs après les départs de duo Tchomogo et Omotoyossi. C’est peut-être la naissance d’un trio prolifique à l’image du trident M’bappé-Griezman-Benzema. Et ça c’est le miracle du coach Moussa Latoundji.
Moussa Latoundji dépose une marque du beau jeu
Le Bénin n’est pas l’adepte du beau jeu ou Tiki-taka barcelonais. Il a eu la réputation d’un football fermé sous le leadership de Michel Dussuyer. C’est la seule équipe de l’histoire de la CAN à atteindre les quarts de finale sans gagner un seul match dans le jeu. Avec ce système de jeu, les Écureuils marquent peu. Lors de la campagne qualificative pour la coupe du monde, le Bénin n’a inscrit que 5 buts en 6 matchs malgré qu’il a eu 3 victoires. Mais avec Moussa Latoundji, les Écureuils ont réussi à inscrire 6 buts en 3 matchs. Ces réalisations ont été exclusivement l’œuvre de l’attaque. Au-delà des buts marqués, le Bénin a produit du jeu. Sous Michel Dussuyer, le Bénin marquait généralement sur les coups de pieds arrêtés caractéristiques d’un jeu assez pauvre en offensive. Mais au tournoi d’Antalya, aucun but n’a été inscrit sur coup de pied. La faille venait souvent d’une bonne construction de jeu et les conclusions sont réalisées dans la surface de réparation. Moussa Latoundji a révolutionné le football béninois en trois matchs. C’est parti du système de jeu expérimenté. Le coach intérimaire a rompu avec le fameux 5-4-1 de son prédécesseur pour adopter un système alterné entre le 4-4-2 et le 4-3-3. Celà a marché avec 6 buts inscrits et deux encaissés en trois matchs.
Le succès des coachs locaux, la thérapie de certaines sélections africaines
Les coachs locaux prennent peu à peu le pouvoir en Afrique depuis une dizaine d’années. L’Égypte l’a réussi à perfection en remportant 3 CAN successives avec Hassan Shehata, un entraîneur local. C’est la nouvelle tendance au niveau des sélections africaines depuis quelques années. Lors de la CAN 2021, 15 sur 24 sélections ont à leur tête, des sélectionneurs locaux. Cette tendance réussit bien aux équipes. Sur les 10 dernières CAN, 6 ont été remportées par les équipes avec des sélectionneurs issus de leur pays. Les deux dernières CAN ont été gagnées par l’Algérie avec Djamel Belmadi (2019) et par le Sénégal avec Aliou Cissé (2021). Le Bénin doit s’inspirer de cette nouvelle tendance pour donner sa chance à Moussa Latoundji qui a tous les atouts pour réussir. Il connaît et maîtrise déjà l’effectif. Il a commencé un travail qui réussit pour son coup d’essai.
Chronique de Ange M’POLI