Malgré le match nul un but partout concédé face au Nigeria qui retarde la qualification du Bénin, il faut s’arrêter un instant sur celui qui est devenu au fil des matchs la tour de contrôle de la défense béninoise : Mohamed Tijani.
L’histoire aurait pu être encore plus belle pour lui. Il aurait dû être le héros inattendu porté en triomphe chez lui. Mohamed Tijani est né et a grandi à Treichville, en plein ventre d’Abidjan, dans une commune réputée comme la plaque tournante des affaires. À côté des tours qui dévisagent le ciel, de ces gens qui font l’économie ivoirienne en costards cravate, allure de bodyguard, lunettes d’intello ou de soleil en mode men in black, lui a choisi de jouer au football.
Formé en Côte-d’Ivoire pendant 5 ans dans le centre Inter Vassanogo, grâce à Roger Bolly, Tijani va rejoindre le Rayo Vallecano en Espagne, tout juste âgé de 18ans. Mais c’est en République Tchèque que le gaucher va trouver le salut. Entre autres, il joue au Slavia Prague, au FK Teplice puis au Viktoria Plzeñ avec qui il découvre d’ailleurs la ligue européenne des clubs champions. Depuis 2023, Tijani a trouvé le bonheur à Yverdon sport dans le championnat Suisse.

Il fait ses premiers pas avec les Guépards en 2022 sous l’égide de Moussa Latoundji alors sélectionneur intérimaire. Pas parti pour être titulaire, il s’est construit brique après brique pour se dresser comme un roc désormais difficile à bouger. « Momo » a pris de la bouteille. Ses cuisses et mollets saillants ajoutés à son mètre 90 font de lui une véritable force de la nature.
Depuis plusieurs matchs où il s’est installé, Tijani a bien souvent livré une copie propre, bonifiant même ses coéquipiers avec qui il forme la paire centrale. À chaque match au Félicia, tout son quartier se déplace pour venir soutenir « le pro ».
En marquant un but de la tête ce jeudi face au Nigeria, Mohamed Tijani aurait pu offrir la qualification au Bénin comme tout un symbole. C’est assurément partie remise pour l’enfant de Treichville parti anonyme, revenu vedette.
Herman Rodrigue AMEGAN.
